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Torchwood - créations d'épisodes non officiels
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2 décembre 2009

Les sens de l'univers - partie II - chapitres 2 et 3

II

Le 4X4 version 2 de Torchwood stoppa net dans les verts pâturages du comté de Windsor. Le soleil ruisselait littéralement sur la colline empruntée et une légère brise de fin de printemps apportait les senteurs de la vie en réveil autour d'eux. Déjà, de grandes herbes par endroit se balançaient, dodelinantes et prêtes à toutes les caresses de la brise, du soleil, des animaux environnants. Asia ne manqua pas de s'y frotter en ronronnant. Alice elle -même se promenait mains grandes ouvertes, prête à laisser filer dans sa paume la moindre gerbe se courbant à sa main, le moindre frisson d'air. Un peu comme si elle était prête à caresser l'invisible.

La française avait insisté pour emmener sa compagne à quatre pattes et il est vrai qu'Asia tel un chat-chien les suivait d'un bon pas voire les devançait. L'intendant des terres de Sir Henry Lenford, la quarantaine, l'air sévère des gens de la terre, veste verte et bottes de cavalier, les menait à grand pas vers l'endroit précis où le lord richissime et influant avait trouvé la mort. Les empreintes des sabots du cheval dont il était tombé marquaient encore nettement la terre ainsi que la trace de la chute du corps.

Tout cela avait-il vraiment un rapport avec leur mission ? Jack restait circonspect. Quels intérêts les aliens auraient-ils à faire remplacer certains humains influents ? Pour y placer des humains sympathisants ? Voire des congénères masqués ? Et après ?

Le simple fait qu'un alien ait investi le corps ou la société humaine relevait bien sûr des missions de Torchwood mais était-ce la bonne piste ?

Martha prit les mesures nécessaires des empreintes alentours et Ianto passa au scanner le petit chemin qu'elles traçaient dans la verte prairie paisible, comme arrêtée dans le temps. Il fit non de la tête et Jack se trouva confirmer dans ses doutes.

  • Vue les traces de sabot, le cavalier allait au pas, dit Martha.

  • Rien qui peut expliquer une chute pour un parfait cavalier, déduisit Jack, à demi absent.

Rien alentours que cette colline. Rien de cacher que le scanner n'aurait pu mettre à jour. Et pourtant son instinct lui disait que quelque chose avait effectivement tué le lord. Etait-ce la même qui avait décimée les troupes du libéralisme mondiale depuis deux mois ?

Il croisa le regard de sa co-équipière ex- policier de la royale couronne. Elle semblait aussi sur l'expectative. L'intendant répondait à toutes ses questions avec un détachement très professionnel, pour autant, il ne devait pas savoir grand chose.

Asia, elle, ne s'approcha pas des traces de chute. Elle s'assit sur son arrière train, lèchant ses pattes avec une méticulosité et une grâce on ne peut plus féline. Pour une fois, elle n'avait pas suivie Alice, qui, elle, écoutait en silence l'interrogatoire champêtre. Elle avait du mal à suivre l'accent relevé du veil homme et tenait à comprendre tout ce qui s'était passé ici. 

Quand le groupe décida de gravir la colline pour en apprécier plus largement le point de vue, la petite chatte noire contourna largement le lieu de la mort. Jack nota ce détail en se retournant vers Alice.

  • Que fait-elle , au juste, à ton avis ? Demanda-t-il à son invitée.

Alice suivit son regard et observa elle-aussi le manège de sa compagne animale. Celle-ci avait effectué un détour d'une dizaine de mètres. On aurait pu croire qu'elle avait décidé de se promener un peu mais la trajectoire qu'elle dessinait dans son parcours avait nettement la forme d'une ellipse dont le diamètre le plus large correspondait exactement au point de chute du cavalier.

  • Qui sait ? , murmura la françaises, fascinée elle-aussi par toutes les explications possibles qui lui vinrent soudain en tête.

III

Une électrode scotchée au front du capitaine brillait dans l'ombre. Alice assise près du corps allongé posait sa voix sur des tons graves , aux vertus maintes fois employées.

  • Jack, quand j'aurai compté jusqu'à trois, tu sombreras dans un profond sommeil.

  • N'en profite pas trop, dit-il taquin...

La félinité de son corps d'athlète rompu au combat recouvert à mi-taille d'un drap blanc laissait deviner la beauté outrageusement attirante de son entité humaine.

Alice sourit mais reprit sur un ton très solennel :

  • Un... Jack ferma les paupières. Lourdes.

  • Deux... Ses muscles se relâchèrent totalement.

  • Tr... Il n'entendit même pas la fin du mot. Son esprit plongé dans les champs de l'hypnose lui donnait l'impression de flotter en rêve dans un espace indéfini dans lequel s'inserraient d'autres espaces sans limites claires, à la manière d'une allée de miroirs se faisant face.

Par le biais des moniteurs vidéo de la station, le marjodome bien aimé du Capitaine Jack gardait un oeil sur son chef. Ianto devait admettre que depuis qu' Alice était là, bientôt quarante huit heures, Jack semblait différent de ces dernières semaines. Depuis son retour des étoiles, après ce qu'il fallait appelé une fuite, il ressemblait à un fantôme n'ayant toujours pas retrouvé le repos.

Mais depuis quelques heures, il était redevenu plus joueur, plus frimeur que jamais, il avait retrouvé sa gouaille, sa bonne humeur et sa présence trahissait une sensualité plus que jamais éclatante. Un peu comme un phare allumé à nouveau quand si longtemps on l'a attendu et su éteint malgré sa présence à l'horizon. Le souvenir aigü de leur nuit d'amour charnelle le fit frissonner de tout son être. Il flotta quelques instants entre deux réalités : celle du moniteur vidéo et celle de son corps plongé dans le souvenir exact des sensations de plaisir et d'union mentale qui les avaient traversés cette nuit-là. Chaque muscle revécut exactement ces ondes d'amour et de tendresse. Son esprit lui fournissait l'exacte réplique de sa vue à chaque seconde lors de cette communion physique, et même sa bouche saliva de plaisir comme si Jack venait à peine de quitter ses lèvres. Et bien qu'il sut parfaitement être réveillé, il dut faire un effort notable pour ne pas se laisser haper dans la fascination de ce souvenir de peau, de chair et de muscles. Il seccoua la tête, maîtrisa sa respiration et dut se dire que tout cela n'était qu'un tour de ses sens exaltés.

Asia vint se frotter à lui. Cette sensation inattendue et furtive lui permit de reprendre une veille plus attentive. Au chevet du lit, il aperçut alors une de ses roses lancées quelque heure plus tôt en l'air avant le feu d'artifice de leur union. Cette vision le troubla à nouveau quelques secondes. Elle avait la force du baiser de Jack la première fois qu'il avait osé goûter à la texture charnue de ses lèvres. Cette sensation l'absorba complètement dans un temps et un espace indéterminés où il se sentait rageusement vivant et sauvagement libéré.

Quatre niveaux plus bas, Jack avait vu son entité physique se réduire à un point fixe dans ce qui paraissait l'exact décor des simulations terriennes de l'univers. Un cri inaudible s'arracha de sa carcasse comme si se réduire à ce point l'étouffait tout entier. Son pouls s'accéléra à vitesse folle et Alice, inquiète, vint poser une paume à plat sur son torse nu.

- Tout va bien, Jack, tu es en sécurité, nous veillons sur toi.

Les paroles semblèrent l'appaiser car sa cage thoracique se souleva, absorba une large quantité d'air qu'il expira très très lentement. Martha , à côté de Ianto, surveillait ses constantes.

  • Rien à signaler, confirma -t-elle tout haut. Un soupir tendu lui échappa.

Tour à tour, l'esprit d'Harkness matérialisa le visage d'une entité évanescente et sublime à la fois. Son corps de lueurs d'un blanc opale se lovait amoureusement autour de son propre corps à lui comme la danse d 'une nuée de lucioles ou de papillons aux ailes de soie bleue se nourrit à un halo chaud de lumière. Des fils d'un bleu de prusse mâlement affleurèrent à sa propre surface épidermique. Chaque pore de sa peau brûla d'un intense plaisir qui traversa son corps et son esprit de part en part. Sa bouche s'ouvrit largement. Il gémit tout haut comme Asia aurait pu ronronner de plaisir. Dans cette onde qui équivalait à un bain d'énergie pure au centre même d'une nébuleuse vitale, son âme se nourrit. Le va et vient de ses veines saillaient sous la peau mais sa pression sanguine semblait à l'identique. Alice hésita à le toucher de peur de le réveiller. Martha lisant son inquiétude lui indiqua que tout était normal.

-Normal,pensa -t-elle , amusante conclusion.

Une chaleur érotique et infiniment bienveillante s'emparait de l'espace terrien où son corps reposait, son expansion était palpable à mesure que les minutes passaient. Mais aucune machine ne pouvait rien en mesurer. Pour cela, encore fallait-il être capable d'émotion. 

Pour Martha, 30 mètres de béton plus haut, Jack reposait simplement dans son lit, une electrode en plus. Le moniteur offrait son image dans des tons bleutés. Il bougeait doucement par moment, des gémissements lui échappaient mais rien qui pu l'inquiéter ou affoler la technique surveillant sa plongée dans l'inconnu.

Alice n'en voyait pas davantage mais ses mains à elle et son corps pouvaient toucher dans l'air l'onde harmonieuse qui paraissait envahir la station toute entière. Une rose qu'elle avait ramassée, après l'explosion mystérieuse du bouquet dans le hall d'entrée du hub, attira son attention. Touchée par la vague somptueuse de vie, elle palpita un instant, comme revenue à sa terre natale. Rien n'était normal dans cette séance d'hypnose, se convint Alice. 

En voulant permettre à Jack de se libérer, elle avait d'abord pensé lui poser des questions et commencer avec lui un lent travail de rangement de son subconscient. Mais si Jack était sans doute humain, il n'avait pas la psychée d'un terrien du XXI° siècle...Il était fait, plus encore que nous pouvions l'être, d'images, d'émotions, d'envies, d'énergies pures où tout prenait et son sens et sa source : sexe, sensualité, instinct de préservation, amitié, tendresse, générosité, fascination, rire, émotion, empathie. C'est ainsi en tout les cas qu'elle pouvait symboliser cette onde qui l'enveloppait maintenant complètement. Un peu comme si le capitaine Jack Arkness,étendu là, faisait, en ce moment même, l'amour à l'Univers.

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